A LA DECOUVERTE DE NOS ARBITRES – BENOÎT DUTRIEUX & DAMIEN TAULEIGNE

Publié le 14/11/2023

A LA DECOUVERTE DE NOS ARBITRES – BENOÎT DUTRIEUX & DAMIEN TAULEIGNE

Pour le retour de cette rubrique, place à nos deux « jeunes » retraité de l’arbitrage, Drôme-Ardéchois.

Bonjour Benoît, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Benoît Dutrieux, j’ai 52 ans ! J’ai commencé l’arbitrage début Février 2003 pour finir ma carrière d’arbitre en Juin 2023. Mon club d’appartenance est Châteauneuf sur Isère !

Qu’est ce qui t’a poussé à devenir arbitre ?

Je jouais à Châteauneuf, le match pour la montée contre les premiers et nous étions second. L’arbitre du match siffle un pénalty contre moi alors que je ne touche absolument pas l’adversaire, il marque et gagne sur le pénalty. Du coup je me suis dit que je vais devenir arbitre au moins je ne me tromperais pas. Et bien entendu en tant qu’arbitre je me suis trompé.

Tu es un jeune retraité de l’arbitrage, comment tu te sens alors que tes anciens collègues ont repris le sifflet ? Quel à était ton sentiment lorsque tu as donné les trois derniers coups de sifflets de ta carrière lors de la finale en juin dernier ?

A la reprise je ne peux pas te dire que ça ne m’a pas manqué. A la différence des saisons précédentes je n’ai pas fait de préparation physique intensive, j’ai juste couru pour le plaisir mais sans objectif particulier ! On va dire que j’ai été un peu plus fainéant cet été. Il y a toujours un manque de ne pas voir les collègues, de ne plus regarder avec qui je tourne.

Lors de mon dernier match c’était une finale et je remercie le district pour cette belle récompense. Il y avait du beau monde, ma femme, ma fille étaient là, les collègues, un beau temps c’était vraiment parfait.

Je regardais mon chrono, je me disais : « ça approche, ça approche »,

J’étais prêt depuis deux ou trois ans à arrêter, ce n’est pas une décision que j’ai prise du jour au lendemain ! De ce fait, j’ai pu vivre pleinement le moment présent et profiter de chaque instant.

Pendant tes longues années as-tu pensé à stopper l’arbitrage ? si oui pour qu’elle raison ?

Je n’ai jamais eu cette pensée d’arrêter, parfois quand le temps n’était pas top, j’ai pu me dire : « Je resterai bien à la maison, mais sans plus »

Ce qui est le plus chiant ce sont les gens autour du terrain, ce sont des nuisibles, ils ne connaissent pas les règles et se permettent d’insulter ou de critiquer ! Mais je n’en dirais pas plus car ça serait leurs donner de l’importance et ils ne le méritent pas.

A tes débuts, est ce que tu te souviens de tes ambitions dans l’arbitrage ? A part celle de ne pas te tromper ?

Je n’avais pas forcément d’ambition car je ne connaissais pas mon niveau mais de faire du mieux possible c’était déjà bien. Ce que je peux dire c’est qu’à la fin de mon premier match j’ai tout de suite été mordu par le virus. En Août 2003, je suis désigné sur un match de coupe de France mais c’était mon club, alors on me donne un autre match un derby dans le nord de la Drôme, une fin de match houleuse ou je mets 1 rouge de chaque côté. A la fin du match, les deux coachs viennent me voir pour que j’enlève les rouges, je leurs dit que non et que s’ils insistent je ferais un rapport. A ce match il y avait également un arbitre du district et un observateur de la ligue, tous les deux en tant que spectateurs pas de fonction officielle ce jours.  Ils me font un retour sur ma prestation qu’ils ont jugés comme excellente. Je pense qu’ils en ont fait un retour au district car quelques temps après un observateur est venu me voir car il avait entendu du bien sur mon arbitrage. Deux ans après j’ai voulu passer la ligue mais je ne remplissais pas toutes les conditions requises on était trois, et je suis le seul à l’avoir réussi. Je me suis dit on me fait confiance alors que je débute dans l’arbitrage je vais tout faire pour leurs montrer qu’ils ont eu raison de me faire confiance.

Quel est votre plus beau souvenir au sifflet ?

Le plus marquants pour moi, mon premier match je m’en rappel comme si c’était hier. Mon dernier match avec une finale entre deux équipes dans un super état d’esprit, qui voulait jouer au ballon malgré un écart de niveau entre les deux. Ainsi que la surprise de voir les collègues à la fin du match le moment de convivialité qui a suivi, nous sommes tous allé boire un coup ensemble.

Ensuite mon dernier match en ligue, je fais une touche au Puy foot en N2, match de la montée duel à distance avec bergerac ! Le puy foot reçoit Colomiers, victoire obligatoire pour le Puy car Bergerac est en train de gagner. On joue la 90 + 3 est le score est de 1 /1, Le puy est à l’attaque est se créé une grosse occasion tout le monde crie dans la surface il s’est forcément passé quelque chose. J’ai vu qu’un défenseur à fait une main sur sa ligne de but empêchant le ballon de rentrer. Les bips tombent en panne, le central me regarde je lui fais alors le signe oui en hochant la tête et il a tout de suite compris. Carton rouge pour le défenseur et penalty pour les locaux. Le pénalty est marqué le puy valide sa montée à domicile sur le dernier match, donc une super ambiance

Avec le recul est ce que l’arbitrage vous à apporter quelque chose dans ta vie de tous les jours ?

Pleins de copains, de connaissances, des gens très très très bien, une belle richesse humaine. L’arbitrage c’est du management et ça te sert tous les jours au travail. De récupérer toutes les infos nécessaires afin de pouvoir prendre les meilleures décisions possibles.

Comment occupes-tu tes week-ends à présent ?

J’ai plus de temps pour ma famille, en étant arbitre on ne passe pas nos Week end avec la famille et on ne profite pas vraiment de tous les instants. Depuis quelques années je suis observateur pour le district Drôme-Ardèche, je pars du principe qu’il faut toujours rendre ce que l’on t’a donné. Je suis également observateur en R2 (ligue), depuis cette année.

Je fais également partis de l’UNAF Drôme-Ardèche reprise par François BOUDIKIAN, nous avons une équipe dynamique et motivée.

Quel est ton repas et ta boisson favoris ?  Et ton repas d’avant match ?

Mon repas favori c’est le saumon à toutes les sauces !

Quand il y avait un match le samedi soir, je mange normalement le midi et des fruits avant le match, pour le dimanche je mange un plat de pâte vers 11h00, je préfère être léger avant les matchs.  Et ma boisson favorite c’est le thé glacé.

Quel est ton club préféré ?

Je n’ai pas vraiment de club préféré, je suis un amoureux du ballon, je préfère voir un match avec deux équipes moyenne qui joue au ballon que de regarder un PSG / OM avec plein de fautes.  En tant que nordiste je dirais Lens. Le public est extraordinaire, il faut au moins une fois dans sa vie, voir un match de foot à Bollaert. Il y a quelque temps je voulais participer au match Lens / Marseille, mais je n’ai pas pu obtenir de place pour être avec les supporters Marseillais, donc j’ai pris avec les Lensois. Marseille ouvre le score et j’ai explosé de joie, les supporters autour de moi m’ont dit : « C’est bon on a compris mais n’en fait pas trop ! » Dans n’importe quel autre stade je ne vois pas la fin du match, je me fais lyncher. Bon Lens à gagner le match au final.

Quel est ta couleur préférée et pourquoi ?

Le rose, depuis que je suis ado j’aime le rose, c’est peut-être dû à mon côté rebelle de l’époque. Ma fille me dit que je porte trop de rose, quand on fait les boutiques si je veux m’acheter du rose je dois m’acheter d’autres couleurs !

Benoît donne nous une qualité et un défaut de Damien ?

Une qualité, Damien est un vrai bon mec, c’est une belle personne dans tout son ensemble.

Son principal défaut c’est qu’il n’aime pas quand je mets du rose.

As-tu une ou plusieurs anecdotes croustillantes concernant tes collègues ? Faits-toi plaisirs ! 

La première c’est avec Damien Tauleigne, sur le retour d’une convocation, il me dit : « j’ai prévu du gravier pour faire des travaux à la maison, j’ai des copains qui viennent tout est prêt », il était tout content, je lui dis tu as vu le temps il va pleuvoir. Sûre de lui il me répond que ça va passer à côtés.  On rentre chez nous, et d’un coup il se met à pleuvoir comme pas possible, j’appelle Damien et il me dit qu’il est devant sa baie vitrée qu’il est tellement dégoûté. Je me rappelle avoir bien rigoler sur le moment.

La seconde anecdote c’était avec Roland on revenait d’un match en Auvergne, à cette époque il n’y avait pas encore le regroupement des régions, mais il y avait des échanges entre arbitres Rhône-Alpins et Auvergnat. On rentre de l’Auvergne sous la neige, il avait bien neigé et il neigeait encore, sur le bord de la route des voitures équipés avec des pneus neige en travers ou dans le fossé. Et mon Roland avec sa 206 grise sans pneus neige, qui avance sans aucuns problèmes ! Je ne dirais pas que cette fois-là j’ai eu peur mais en tout cas je n’étais pas tranquille. Je pense que c’est grâce à ces racines d’Ardéchois profond que nous avions pu rentrer ce soir-là.

Pour finir avec ton expérience quels conseils donnerais-tu à un arbitre qui débute ?

Tout dépend de ces ambitions, mais s’il veut évoluer je lui dirais d’arrêter de jouer. Car si à 14, 15, 16 ans tu es joueurs de district c’est que tu ne feras pas une grande carrière dans le foot ! Alors que les instances font vite monter les jeunes arbitres qui se donnent les moyens d’évoluer.

En arrêtant de jouer, ils mettent toutes les chances de leurs côtés. Et que potentiellement, avec du travail et de la persévérance ils pourront évoluer à un niveau supérieur du quel ils auraient pu jouer.


Bonjour Damien, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Damien Tauleigne, je suis Ardéchois et papa de 8 et 10 ans. Je suis cadre commercial et sportif. J’ai débuté en tant qu’arbitre en Février 1998, à l’US Granges pendant 8 ans. Ensuite j’ai déménagé à Nice pour le travail, j’étais alors au club de l’OGC Nice.

Comment sont considérés les arbitres dans ce club pro ?

Les arbitres y sont bien considérés, nous avions les dotations des sponsors de l’équipe pro, comme les joueurs ! Claquettes, serviettes, survêtements du club, avec les entrées au stade du Ray.

Qu’est ce qui t’a poussé à devenir arbitre ?

A l’USG un pote est passé arbitre 1 an avant et me disais que du bien de l’arbitrage. Cela commençait par m’intéressé, du coup mon club a sauté sur l’occasion. Les cours ont commencé en Septembre 1997 et c’est Michel pommier qui faisait la théorie et en février 1998 stage à Beauchastel.

Tu es un jeune retraité de l’arbitrage, comment tu te sens alors que tes anciens collègues ont repris le sifflet ? Quel à était ton sentiment lorsque tu as donné les trois derniers coups de sifflets de ta carrière lors de la finale en juin dernier ?

Le 1 er samedi de septembre, à été un peu compliqué car tu sais ce que les collègues font.

Lors de mon dernier match pour la finale, à la 89éme minutes de jeu le score était de 6 ou 7 à 0, je m’approche du banc de touche de l’équipe qui était menée ! Je demande au coach si je rajoute le vrai temps additionnel, il me répond que non, je lui demande combien de temps ? il me dit zéro. Et d’un coup je me dis, il me reste qu’une minute !!  Je ressens de gros battements de cœur et je me rends compte que c’est la fin. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de copains arbitre présents, de beaux moments de partage. Les larmes sont montées mais seules mes assistantes l’ont vu. C’étaient des larmes marquant la fin d’une époque, une grosse et belle page se tourne à ce moment.

Pendant tes longues années as-tu pensé à stopper l’arbitrage ? si oui pour qu’elle raison ?

J’avais déjà connu 1 er arrêt non voulu pour des raison familial en 2020, après 10 années passé en ligue. Ce n’était pas la fin que j’avais imaginé, j’avais voulu revenir et finir une saison en district, là où tout avait commencé. Pendant ce premier arrêt, j’étais observateur en district, donner des conseils me plaisait énormément mais le rectangle vert me manquait. Faire cette année en district était important pour moi se dire que tu finis proche de la maison. J’ai pu la faire cette dernière année et heureusement.

A tes débuts, est ce que tu te souviens de tes ambitions dans l’arbitrage ? A part celle de ne pas te tromper ?

Je n’ai jamais voulu passer ma ligue, cela m’intéressé pas tellement, car je n’avais pas forcément une belle image de la ligue.

Après quand j’ai commencé à parler avec deux ou trois « liguards », qui m’en disais du bien cela m’à rassuré.

A mon retour de Nice, il fallait présenter quelqu’un à la ligue, et le district m’a proposé, j’ai dit pourquoi pas. Quand j’étais à Nice j’arbitrais déjà l’équivalant de la R3, car j’étais en PHA ! La ligue commençait avec le niveau R2.

Quand j’ai goûté à la ligue j’ai tout de suite aimé.

Quel est votre plus beau souvenir au sifflet ?

District côte d’Azur, un match de district vers grasse, lors de la dernière journée du championnat entre 1er qui étais certain de monter et le dernier qui devait gagner pour espérer se maintenir. Dans ce district-là plus part des terrains, n’ont pas de main courante comme chez nous mais du grillage. Lors de ce match, il y avait pleins de voitures derrière le grillage, musique à fond, fumigène, une ambiance de fou pour ce petit club.

Dans une autre dimension, lors d’un match de N2, où je faisais la touche, Andrézieux Bouthéon recevait L’OL (avec des joueurs pro), il y avait 5000 spectateurs, c’était vraiment génial, de super sensations.

Avec le recul est ce que l’arbitrage vous à apporter quelque chose dans ta vie de tous les jours ?

Oh que OUI ! Avec l’arbitrage tu mûris, tu te renforce, tu apprends beaucoup sur toi et sur les autres. Tu fais de belles rencontres, ça te fait grandir, ça te donne des valeurs de partage. Tu es seul contre 22 joueurs. Non pas contre, mais AVEC, il faut être autoritaire mais pas en faire trop. L’arbitrage te fais devenir un Homme.

Comment occupes-tu tes week-ends à présent ?

Je suis toujours observateur en D3, je suis membre de la nouvelle équipe de l’UNAF également et toujours sportif. Ce Week end (dimanche 29 octobre), je vais participer au semi -marathon Marseille – Cassis. C’est une première pour moi. Je fais également du tennis. Je suis mes enfants dans leurs sports car c’est important.  Pour moi le sport est très important.

Quel est ton repas et ta boisson favoris ?  Et ton repas d’avant match ?

Mon plat favori sans hésitation ce sont les lasagnes.

Je ne mangeais pas avant les matchs du samedi soir, et concernant le dimanche je faisais un gros petit déjeuner. Autrement des fruits.

Pour la boisson c’est le thé glacé ! ( NDLR : comme benoît), pour varier un peu il y a le maté aussi.

Quel est ton club préféré ?

Je ne veux pas dire un club de ligue 1 , je dirais le FCEE.

Le FC Eyrieux, je suis pour le meilleur club, donc je supporte le dernier vainqueur de la LAURA Coupe.

Quel est ta couleur préférée et pourquoi ?

Pour ma part c’est le vert, vert pelouse, forêt ! le vert de l’espoir.

Damien donne nous une qualité et un défaut de Benoît ?

Une qualité et un défaut ??  

Je n’ai pas de qualité qui me viens mais uniquement des défauts…

En qualité je dirais bon vivant, partageur, généreux. Et en défaut c’est le rose. (NDLR : les sujets ne sont pas au courants des réponses données par l’autre personne)

As-tu une ou plusieurs anecdotes croustillantes concernant tes collègues ? Faits-toi plaisirs ! 

Pas une en particulier mais je dirais toutes les fois où on a pu arbitrer à trois Drôme-Ardéchois, faire la route à trois c’était à chaque fois de bons moments.

Autrement sur le retour d’une commission d’appel avec Benoît je lui dis que je devais faire des travaux le lendemain chez moi et que j’avais tout préparer. On débat pendant le retour sur le temps qu’il allait faire. Arrivé chez lui Benoît m’appelle et me dit que ça ne va pas être possible pour les travaux ! j’étais devant ma fenêtre les larmes aux yeux complétement dégoûté…

Pour finir avec ton expérience quels conseils donnerais-tu à un arbitre qui débute ?

Qu’il ne faut pas se fier à tout ce qui se dit sur l’arbitrage, car c’est une fonction qui n’est pas du tout valorisée. La théorie est très importante, il faut bien la bosser ! L’arbitre est un sportif, donc il faut s’entraîner.  L’arbitre doit savoir faire appliquer le règlement tout en se faisant discret.  

Par Justine Soton

Articles les plus lus dans cette catégorie